La chancellerie papale date de la Renaissance et a été formalisée par un lettré du Vatican au milieu du XVIᵉ siècle.

Cette écriture est souvent décrite par les non-initiés comme une italique scripte – et ils n’ont pas tout à fait tort. Aldo Manuce s’en est inspiré pour concevoir une typographie plus compacte, permettant d’imprimer davantage de caractères par ligne que les lettres gothiques de Gutenberg. Grâce à cela, les livres deviennent non seulement plus petits – on parle même de format poche, bien que les poches de l’époque soient plutôt des sacs accrochés à la ceinture – mais surtout plus accessibles. Certains comparent Aldo Manuce à Steve Jobs. En réalité, ce serait plutôt Steve Jobs qu’on devrait comparer à Manuce ! (Il faut dire qu’Aldo lui aussi a flirté avec les limites de l’éthique, en collaborant avec des orfèvres de Murano pour graver ses caractères typographiques.)

La chancellerie – ou cancellaresca (chancelière en italien) – est le compromis idéal pour un calligraphe : lisible, élégante, moderne, rapide à exécuter, et permettant l’ajout de volutes et d’arabesques.

Légèrement penchée, fine, aux hampes et hastes très équilibrées, cette écriture se reconnaît aussi à ses contre-formes étroites et en forme d'amande, caractéristiques et dynamiques.

Elle a fortement influencé la typographie et l’écriture cursive. À une époque où l’imprimerie cherche à s’imposer pour le grand public, la chancellerie lui offre une élégance accessible et devient l’alliée inattendue de sa démocratisation. La calligraphie, devenue presque obsolète, doit alors se réinventer. C’est ainsi qu’à travers l’Europe, de nombreux calligraphes font évoluer cette chancellerie vers des formes plus sophistiquées et ornementales : la cancellaresca moderna.