Les écritures gothiques désignent plusieurs styles calligraphiques apparus à partir de la deuxième moitié du Moyen Âge et largement répandus en Europe. Leurs premières manifestations remontent néanmoins au XIᵉ siècle. Ces écritures, plus carrées ou « brisées », sont directement inspirées de la Caroline. Chaque région, à des périodes différentes, a développé ses propres variantes, non pas simplement sous influence, mais souvent pour affirmer une identité distincte — esthétique, religieuse ou culturelle — à travers l’écriture.

La plus connue est la gothique textura ou quadrata : c’est tout simplement la gothique utilisée pour les titres de journaux (Le Monde, The New York Times, Daily Planet), la musique rock, mais aussi pour le premier ouvrage imprimé à caractères mobiles : la Bible de Gutenberg. Très utilisée entre les XIIᵉ et XVᵉ siècles, notamment dans le nord de la France, en Allemagne et en Flandre, elle servait principalement aux ouvrages religieux.

La plus impressionnante est la gothique Fraktur, typiquement allemande, qui s’est développée sous l’impulsion du calvinisme. Plus anguleuse et plus pointue, elle est également très difficile à exécuter. Apparu au XVIᵉ siècle, ce style est mal représenté dans les manuscrits, dont les spécimens sont rares.

La plus gracieuse — et aussi la plus grasse — est la Rotunda, utilisée aux XIVᵉ et XVᵉ siècles, notamment en Italie. On en trouve de magnifiques exemples dans les chants liturgiques avec partition, souvent richement enluminés.

Les gothiques sont des minuscules aux hampes et hastes courtes, avec très peu de ligatures. Les lettres sont étroites, souvent collées entre elles, comme pour compenser l'épaisseur de leurs pleins. Leur forme est anguleuse, comme brisée, et les majuscules, très élaborées, contribuent à cette impression de majesté — ce sont les fameuses « lettres cadeaux ». C’est une écriture laborieuse à exécuter, chaque lettre nécessitant de nombreux traits, ce qui explique sans doute sa durée de vie relativement courte.

On parle aussi de gothique cursive : il s’agit tout simplement d’une écriture rapide, utilisée au quotidien, contemporaine de la gothique formelle. Elle est très serrée, anguleuse, et parfois difficile à lire.